Histoire des fresques de Notre-Dame de Charly
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Abside |
Pour visiter cette église, imaginons que nous sommes au 12ème
siècle : il fait sombre, les ouvertures en plein cintre sont rares car elles
affaiblissent la solidité de la construction. Les sanctuaires sont éclairés à
la lumière vacillante des chandelles qui crée un univers mystérieux. Et vous
découvrez, ce Christ en gloire qui symbolise un monde de justice et d’espoir,
peint sur l’abside !!!
A ce propos, Georges Duby écrivait
"La lumière admise avec mesure dans l’enclos de leur retraite devait
rester telle que Dieu l’a fait, sans apprêt, sans atours, splendide en sa
simple nudité."
Iconographie et courants artistiques.
Du premier coup
d'œil, ceux qui ont visité la Cappadoce voient une influence byzantine très forte qui semble avoir
guidé l'artiste ou l'atelier clunisien
dans plus d'un choix : attitudes hiératiques, regard des personnages dont les visages nous font face. L'anatomiste voit aussi le cou allongé et les
épaules tombantes, les mains très fines (caractères féminins), du Christ. Jésus aurait dû avoir des mains de
charpentier ! Les canons byzantins
de la beauté voulaient cette féminisation des personnages.
Les artistes voyageaient beaucoup, mais aussi les abbés
de Cluny, et certainement pas seuls ;
Hugues de Semur est allé au moins six fois à Rome et sans doute en d'autre haut lieux de l'Italie actuelle. Ravenne
fut, durant un temps non négligeable,
sous la domination byzantine.
L'Empire d'Orient a
inspiré ou guidé bien des artistes de l'Occident
Hugues de Semur rendait
volontiers visite à son ami, l'abbé Didier, du Mont Cassin. Le chœur de ce monastère était enrichi de mosaïques
et le porche de peintures murales. Mais l'art chrétien des premiers siècles n'était pas non plus oublié dans les
traditions mises en œuvre par les
artistes.
Par ailleurs, l'art
ottonien, qui a succédé à l'art carolingien dans le Saint Empire Germanique, a hérité de Byzance mais en
apportant des inventions, des
idées nouvelles : les couronnes, les séries
de pastilles blanches, la croix hampée, les
"dés" ocre rouge à points blancs dans la décoration générale et même l'ornementation
des vêtements.
Van Gogh écrira à Emile Bernard :
"La figure du Christ a été peinte comme je la sens, par Delacroix et
Rembrandt…et puis Millet a peint la doctrine du Christ".
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Mandorle |
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Jean l'Evangéliste |
Tétramorphe.
Dans l'immense majorité des images de
Christ en majesté, le Seigneur est entouré
des quatre figures du "tétramorphe" qui a pour origine une vision de
Jean inspirée du livre d’Ezéchiel. Les inscriptions confirment l’identification
des personnages, c'est-à-dire les symboles des quatre évangélistes : l'homme pour Mathieu (l'incarnation,
généalogie humaine du Christ), le taureau pour Luc (le
sacrifice), le lion à la queue en panache (rappel des lions d’Asie) pour Marc
(la résurrection) au nimbe gradué (théodolite) et l'aigle pour Jean (l'ascension). Chacun tient son évangile.
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Chérubin |
Vierge et Saintes.
Voir la fresque peinte sur le cintre de
la baie axiale : une vierge couronnée, rare dans l’iconographie byzantine,
marque son Assomption. Elle est peinte sur le fond bleu nuit d’une mandorle. Le
modelé de sa robe gris bleuté suggère une impression de transparence, un voile
à l’orientale repose sur ses épaules, elle porte au cou un pendentif et tient
un lys sans fleur. Une de ses mains est relevée en signe de prière, elle semble
intervenir en faveur des pécheurs. Deux saintes portent la palme des martyrs.
Celle de gauche a la main relevé en signe d’acceptation, de la paix de
l’éternel. Celle de droite à la tête relevée vers la Vierge, les mains croisée
sur la poitrine. L’artiste a adapté la morphologie du corps et le drapé des
tissus aux contraintes architecturales.
"L'abbé Lenoir enleva les cinq couches de badigeon qui couvraient la voûte et mit à jour une fresque du 12ème siècle. On voyait le Christ assis, entouré d'éclairs et de l'iconographie des quatre évangélistes : à ses pieds les sept chandeliers de l'apocalypse et au dessus de, l'Alpha et l'oméga et deux anges.
L'arcature du sanctuaire était elle aussi, couverte de
fresques. L'abbé Lenoir réussit à en sauver deux panneaux. L'un représentait un
cavalier et l’autre, un homme, vêtu d'une tunique multicolore et tenant dans
chaque main une branche fleurie. M. Lenoir vit en eux, d`abord, le symbole de l'homme
sérieux et de l'homme frivole ; mais un examen plus attentif lui fit comprendre
que ces deux panneaux faisaient partie d'une vaste représentation qui figurait
les douze mois de l'année.
En les comparant à d'autres fresques, et en particulier à
celles de Pritz, près de Laval, il reconnut, dans l'homme aux fleurs, le mois
d'avril et dans le cavalier, le mois de mai.
D'autres peintures, fixées dans les embrasures des fenêtres
et sur les murs, avaient été détruites, lors des regrettables modifications
faites à l'église au XVII° siècle ; seules, celles de la fenêtre centrale
avaient été protégées par le retable qui les masquait ; elles représentaient le
couronnement de la Vierge.
Par leur style archaïque et hiératique, ces peintures
étaient un des spécimens les plus curieux de l'art de la peinture du XII°
siècle, comparables à celles de Berzé-la-Ville, en Saône-et-Loire;
malheureusement, après les avoir dégagées de l’enduit qui les recouvrait,
l'abbé Lenoir crut devoir les faire retoucher. Ce travail, extrêmement délicat,
fut maladroitement réalisé et leur enleva presque tout leur intérêt."
Sources : Un prélat
Berrichon Monseigneur Pierre-Marie Lenoir (1818-1907) du Chanoine André Girard.
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embrasure centrale Vierge |